A travers un habile mélange bordélique et coloré d’oiseaux, d’animaux en tous genres, de nanas, de fruits et de palmiers, Brad Teodoruk donne vie à son propre language. Tel est le pouvoir de son art. « Sans l’art, je serais incapable de communiquer avec le monde extérieur. Pour moi, c’est une forme de communication absolue. C’est une façon grâce à laquelle je peux m’exprimer, une manière de jouer, de résoudre un problème, une manière de de me pousser et me défier, une façon de questionner les choses, » explique t’il sans retenue, avec la pudeur maladroite des gamins turbulents qui nous fascinent. « Grandir est un piège et ce n’est vraiment pas pour moi! Je n’agis pas forcément comme un enfant mais dans le coeur, c’est ce que je suis. A partir du moment où tu deviens adulte, tu es mort! Reste curieux, reste punk! J’approche l’art de manière puérile, je m’amuse beaucoup quand je suis en studio , et j’espère que ça se ressent dans mes peintures. »
Une stimulation visuelle. Voilà comment l’artiste australien décrit son processus créatif. Des mots en grossières capitales, des textures empilées à la fois indélicates et maitrisées, des formes instinctives et contrôlées. Les peintures de Brad sont vivantes, leur honnêteté déborde, leur force exulte, leur spontanéité surgit. « Peindre est une manière de faire ressortir ce qui est sombre à l’intérieur. Parfois, je peints complètement l’opposé de ce que je ressens pour comprendre ces changements. Quand je peints, j’écoute souvent de la musique tropicale. Il y a tellement d’horreur dans ce monde que j’essaie de créer quelque chose de funky pour la combattre. Mon objectif est de changer les gens de l’intérieur lorsqu’ils regardent mes toiles. »
C’est ce qui s’est notamment passé avec le célèbre Robin Gibson, venu spontanément à l’une de ses expositions au Shop Gallery de Glebe en 2016. « C’est une histoire assez drôle. Je faisais des peintures depuis un peu plus d’un an et demi et chez moi, les toiles commençaient à s’empiler. Des potes à moi m’ont demandé ‘pourquoi tu n’organises pas une exposition?’ Pour être honnête, ça ne m’avait bizarrement jamais traversé l’esprit. Donc j’ai trouvé une petite galerie sympas et j’ai loué l’endroit pendant 2 semaines. J’ai invité ma famille et quelques amis pour le vernissage et j’ai vendu 40 toiles sur les 50 exposées. Robin Gibson, lui-même, s’est retrouvé je ne sais comment à mon expo. La semaine suivant, il proposait de me représenter. »
Pour finir cette rencontre de manière conventionnelle, j’ai questionné Brad sur son avenir proche. Il m’a parlé de sa prochaine exposition en solo en Mars-Avril 2018, et de sa nouvelle représentation par la célèbre New Standard Gallery de Sydney. Je l’ai ensuite remercié et il a conclue en disant : « J’essaie encore de savoir qui je suis aujourd’hui, de comprendre quelle est cette énergie qui opère dans ce corps physique. » Ce qui, rien qu’en l’écrivant, rendait cette interview beaucoup plus riche et inattendue que prévue.
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